Amber Palace

J'avais donc encore une journée à tuer à Jaipur et je ne savais comment l'occuper. Dès ma sortie de l'hôtel, un "wallah-auto-rickshaw", Ali, qui ne m'avait pas lâché de la veille, me tomba dessus. Il voulait absolument m'emmener au Amber Palace situé à 11 kms de Jaipur. L'idée me plut, cette balade me faisant sortir de la ville. Il débuta son offre à 150 RS pour descendre à 125 et finir à 100 RS. Quinze francs pour faire 2 fois 11 kms, ce n'était pas cher. Mais je déclinai l'offre et je me rendis à Amber en bus local. Coût du voyage : 12 RS aller-retour, soit 88 RS de gain, autrement dit une nuit d'hôtel. Il n'y avait pas de petit profit.

Le palais, imposant, était situé sur un piton rocheux. Tout autour et dans les environs, perchés sur d'autres pitons, se succédaient forts, tours de guet et remparts. Des lignes de défense de plusieurs kilomètres serpentaient le long des collines environnantes protégeant ainsi cet immense palais. Sur un promontoire au dessus du palais, s'érigeait un important fort construit là pour, sans doute, loger la garnison devant protéger le maharadja de l'époque. Je ne pris pas de photo à l'intérieur du palais car les indiens, non contents de faire payer l'entrée plus chère aux étrangers, demandaient un droit supplémentaire pour photographier ou filmer. Qu'ils aillent se faire voir ! Des touristes pur crème bronzante, faisaient l'ascension de la route en contrebas au palais, à dos d'éléphant, et redescendaient de même.

Je les trouvais ridicules. Quelquefois, ils me faisaient rire mais la plupart du temps, ils me faisaient de la peine voire m'énervaient carrément. Je les trouvais bêtes à pleurer. Leurs programmes consistaient essentiellement à se rendre de leurs hôtels aux sites à visiter dans des bus spéciaux où ils se retrouvaient entre eux. Ils achetaient au prix fort ce type d'excursions et en consommaient une ou plusieurs par jour puis ils retournaient à leurs hôtels probablement occupés majoritairement par des gens comme eux. On ne les voyait bien sûr jamais dans les transports en commun locaux. Quand ils se trouvaient sur le site, ils s'entouraient, of course, d'un guide qu'ils suivaient docilement, mitraillant et filmant tout et n'importe quoi. Ils devaient certainement manger continental, voyageaient à travers l'Inde en avion et/ou en bus spéciaux et n'avaient aucun contact avec la population. On ne les voyait pas traîner dans les rues et quand, par hasard, l'un d'entre eux s'y aventurait, il errait avec terreur et crispation, s'accrochant désespérement à son sac à ventre de peur de se faire tirer ses travellers... C'était triste à pleurer et je ne comprenais pas le plaisir qu'on pouvait tirer de ce type de voyage superficiel si ce n'était celui de faire le beau devant la famille et les amis rassemblés le samedi soir devant la vidéo enregistrée et diffusée sur l'écran plat du salon.

En tout cas, ce palais était un véritable labyrinthe offrant de multiples points de vue de toute beauté. De multiples salles, escaliers, recoins divers, douves, du marbre, des peintures murales laissaient deviner au visiteur, le faste d'antan. Une succession de murs d'enceintes tous reliés par d'étroits escaliers et petites salles, protégeaient la cour principale. On pouvait s'y perdre facilement. J'étais impressionné et même si l'endroit ne dégageait pas de vibrations particulières, je commençais à regretter de ne pas avoir pris mon appareil photo. A l'intérieur de ce palais-forteresse, se trouvaient 2 grandes cours dont une faisait office de jardin. Les murs de petits temples en marbre blanc et richement décorés étaient sertis de petits miroirs et d'émaux. Je restai 2 heures dans ce palais en ayant l'impression d'en avoir visité que la moitié. J'étais admiratif devant cette architecture rajpoute et moghole qui, par ailleurs, pullulait dans l'état du Rajasthan.

Je grimpai ensuite au fort Jailargh afin de prendre en photo le palais d'Amber d'en haut. La vue y était superbe sur la plaine du Rajasthan et Jaipur. L'endroit était étrangement calme écrasé par le soleil mais rafraîchi néanmoins par une brise bienfaitrice.

En redescendant, je rencontrai un cornac et son éléphant qui rentraient tous les deux à "l'écurie" et qui me proposa de monter avec lui pour retourner à dos d'éléphant à Jaipur. Il me demanda 200 RS (30F) pour les 11 kms. Je déclinai l'offre mais le regardant s'éloigner, je regrettais presque, quand bien même le retour devait bien mettre 2 heures au train du pachyderme. Finalement, je quittai cet endroit vers 16H, soit 5 heures après y être arrivé. Je revins à mon hôtel où du haut de ma terrasse, j'admirais le soleil couchant embrasant "Jaipur la rose". La journée avait été bonne et j'étais en partie réconcilié avec Jaipur. Je n'avais plus maintenant qu'à attendre mon train qui, à 22H, devait m'amener à Udaipur, la Venise de l'Orient, comme disait mon guide.