Udaipur et ses palaces

La pension était située à l'écart du centre et l'endroit était paisible, aussi j'avais passé une nuit calme, agréable et fraîche. Je me promenai, ce matin, sur la rive orientale du lac vers le sud. J'y croisai un éléphant, un chameau et des oiseaux multicolores magnifiques du genre colibri ou martin-pêcheur.

J'allai également visiter le City Palace, le plus grand espace palatin du Rajasthan. Il était effectivement démesuré. Une partie de l'édifice se visitait et y abritait un musée et une autre avait été transformée en 2 hôtels de luxe où les non-résidents pouvaient aller prendre un thé ou déjeuner et dîner. Les différents palais avaient été construits à différentes époques par différents maharadjas mais l'unité de style avait été étonnamment bien conservée. En tout cas, je trouvais ce palais bien plus beau et bien plus majestueux que celui de Jaipur. C'était en quelque sorte, un château de Versailles indien ! Cette ville comportait d'ailleurs énormément de palais puisque deux autres étaient construits sur deux îles du lac (servant de résidences d'été) et encore un autre dominait une montagne à l'extérieur de la ville. J'eus bien envie d'aller prendre un thé dans un de ces 2 palais-hôtels mais je me gardai de tomber dans un délire consumériste.
L'après-midi, je me rendai au nord de la ville en direction d'un second lac malheureusement asséché. Je le traversai donc à pied jusqu'à une petite (ex)île où se trouvait un petit parc désert et carrément lugubre. Je me demandais ce que je foutais là et je revins dare-dare vers la civilisation sous un soleil de plomb.

J'arrivai sur une presqu'île qui faisait face à la rive orientale du lac. J'avisai une terrasse ombragée où je jouissais d'une vue imprenable sur Udaipur et ses palaces embrasés par le soleil couchant. C'était superbe...
Mon petit père de la pension m'avait invité à partager son repas du soir, délicate attention qui me toucha. Il me proposait un chili épicé. J'avais accepté l'invitation en précisant que d'épices, point trop n'en fallait. J'appréhendais néanmoins ce repas car je ne comprenais pas grand-chose à son "hindi-anglais" alors que mon anglais tout court ne s'était pas vraiment amélioré. Le couple vivait avec trois jolies jeunes filles d'une vingtaine d'années ce qui me fit réaliser que le vieux père, à 50 ans, devait encore péter la forme. L'une d'entre elles était disgracieuse au possible, ne souriant jamais et ne disant jamais bonjour. Je ne pouvais m'empêcher de penser à leurs vies, cloîtrées en permanence dans cette maison, en compagnie de 2 vieillards. Je me demandais également si elles allaient dîner avec nous... En fait, le repas bien que classique, fut délicieux. 4 chappatis accompagnèrent riz, lentilles et légumes au fromage. Je terminai avec des espèces de gâteaux ronds confits. Par contre, je déclinai une espèce de breuvage infect à base de lait dans lequel trempaient des sortes de pois chiches. Si je buvais ça, sûr que je passais ma nuit aux toilettes. Le petit père malgré tout insista et je prétextai un ventre plein à ras bord, ce qui était loin d'être le cas. Les femmes, elles, se trouvaient dans la cuisine, s'occupant de la préparation des plats et nous servant (!). L'ancien professeur de mathématiques m'apprit qu'il avait huit filles (pas de bol en Inde !). Nous devisâmes cinéma, politique internationale et ses conséquences sur le tourisme en Inde. J'arrivais à peu près à le capter mais la réciproque n'était pas vrai. Mais, heureusement, tout cela ne s'éternisa pas. Il me confia pour ma lecture du soir, 4 ou 5 livres d'or qu'il conservait depuis l'ouverture de sa guesthouse, il y a 10 ans. J'entrepris de les lire mais je fatiguais vite car comme tous les livres d'or, ce n'était que des pages et des pages de remerciements enthousiastes et dythirambiques à l'attention du couple Soni. Mais bon, ils les méritaient bien.