Jubin

J'avais hérité de Jubin. Edenté et musicien, queue de cheval façon rasta, Jubin, mon guide, avait l'air plutôt cool. Dès 6H du matin, il me cueillit à mon hôtel et à 8H30 on démarra notre expédition qui devait m'amener à Maroantsetra (à 126 kms exactement d'Antalaha) en 4 jours et non 3 comme je le pensais. Le trek débuta par un parcours en mini pick-up 4X4 et 2 places assises dans lequel on grimpa à une bonne douzaine ! Trois heures de piste infernale plus tard, on attaqua la marche. Un porteur embauché sur place se chargea de mon sac. Heureusement, car les quatre heures de marche effectuées sous une chaleur lourde et humide m'anéantirent. On suivit, la plupart du temps, une rivière jalonnée d'une multitude de petits villages où les gens vivaient visiblement avec le strict minimum vital. Je ne regrettais pas d'avoir choisi le trajet le plus court (un autre durait 7 jours) car je subodorais déjà que j'allais subir un régime-diète tant la bouffe proposée par les villageois était infecte. Du riz pâteux idéal pour la maçonnerie associé à trois bouts de poulet (en fait, des morceaux d'os du cou avec de la graisse autour) baignant dans une bouillon froid à vous glacer d'horreur, étaient la pitance quotidienne des gens d'ici, matin, midi et soir et ce, tous les jours de la semaine quasiment. Je ne touchai pas aux os, quant au riz, au bout de trois bouchées, je n'arrivai plus à respirer. Aussi, je demandai à Jubin de négocier, le soir, un poulet grillé qui, je l'espérais, me permettrait de tenir au moins une journée supplémentaire. En 2 temps, 3 mouvements, le poulet entier fut occis et grillé et je m'empiffrai de la bête comme un véritable homme des cavernes pour... 2 euros !