Retour à la "civilisation"

Les derniers kilomètres de cette randonnée furent avalés tranquillement en une demie-journée sous un soleil éclatant et un ciel lumineux et par une piste facile et enfin sèche. Je retrouvai la mer après l'avoir laissée 120 kms derrière moi et le spectacle de cette forêt luxuriante descendant la montagne jusqu'à lécher les eaux de la baie d'Antogil, était saisissant. Je regrettais presque déjà de ne pas avoir fait le tour de la péninsule, réalisable en une randonnée d'une douzaine de jours. Avec le recul, j'étais heureux d'être venu jusque là.

La péninsule de Masoala (au nord-est de Madagascar), une région reculée et difficile d'accès avec son relief accidenté, son climat humide et éprouvant, sa forêt primaire de toute beauté et préservée au sein de son Parc National, avait su me charmer. J'avais, de plus, au fil des kilomètres et de la multitude de villages traversés dans les montagnes, touché du doigt la dure réalité quotidienne du "bas-peuple" malgache en "partageant" leur mode de vie à travers leur nourriture, leur hébergement et leur unique mode de déplacement : la marche à pied. On était, ici, bien loin des routes touristiques balisées de Madagascar. Quant à Jubin, il était fier de moi. De sa vie, il n'avait jamais rencontré un "vazah" ayant avalé cette randonnée de 120 kms (enfin 90, si on enlève les 30 premiers effectués en taxi-brousse) en 3 jours et demi. Lui-même, pétant la forme et habitué depuis toujours à crapahuter, n'avait jamais mis moins de trois jours sans sac sur le dos. C'était un mec bien, hyper-doux, très cool, prévenant et attentif et on avait bien accroché ensemble. Merci Jubin !