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Journal d'un voyageur du monde
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4 octobre 2002

Sérénité et gastronomie

Je souhaitais me rendre à Deoprayag, 60 kms plus au nord, un village situé au confluent du Gange et un de ses affluents. J'avais vu un croquis sur le livre d'un voyageur que m'avait offert ma fille et ça me tentait bien. Néanmoins, David refroidit mes désirs estimant que le village ne présentait pas beaucoup d'intérêt. De plus, je ne m'étais endormi qu'à 2 heures du matin et encore fatigué d'une courte nuit, je décidai finalement de ne pas bouger. Du coup, je retournai au bord du Gange bien à l'écart du village. Je traversai une forêt où pululaient des singes pas du tout effarouchés par l'homo sapiens. Surprenant ! Je découvris une magnifique plage de sable blanc où se prélassaient, à poil, 4 ou 5  étrangers.

rishikech3J'avais chaud, aussi je ne résistai pas longtemps et en  slip (par respect avec les coutumes locales), je pris mon premier bain dans le fleuve sacré en prenant bien soin de m'accrocher fermement à des rochers et à des pieux enfoncés dans l'eau, compte tenu du courant, de la profondeur et des sables mouvants. Elle était fraîche, un pur régal. Je rentrai vers midi pour déjeuner et je retrouvai David à mon resto habituel où j'avalai patates au fromage, 3 chappatis et un litre d'eau pour 5F. C'était délicieux. David m'apprit qu'il envisageait de se rendre la semaine suivante au même endroit que moi, à savoir l'Himachal Pradesh que je souhaitais pour ma part rejoindre dès le lendemain. Il me donna pas mal de tuyaux sur le coin et nous rentrâmes à l'ashram pour la sieste (chacun dans sa cellule, of course), en ayant préalablement croisé à la réception le gourou de l'ashram, une quasi réplique du Mahatma Gandhi, qui, du haut de ses 96 ans (m'apprit David), semblait toujours bon pied, bon oeil.

rishikech

Quel endroit calme et reposant ! Que ce soit l'ashram, le bord du Gange, les ruelles du village, il se dégageait ici une paix et une sérénité incroyables. Aucun commerçant ne m'harcelait, aucun mendiant ne "m'agressait". Ils se contentaient, assis, de te saluer les mains jointes, à la manière indienne, et de tendre leurs gamelles, c'était tout. Les personnes croisées dans les rues me souriaient, me saluaient voire m'ignoraient mais je sentais chez toutes, beaucoup de respect. L'ashram était incroyablement calme, paisible. Nous étions peut-être une cinquantaine de résidents mais quelle tranquillité ! Je comprenais mieux l'ambiance que l'on devait trouver dans les monastères, couvents ou autres lieux de retraite. Je n'avais pas envie de lire. Par contre, je ne pensais qu'à écrire. C'était une envie irrésistible, un besoin permanent de mettre sur le papier mes sentiments, mes émotions, de tout faire ressortir. Il me semblait trop difficile de tout garder pour moi. J'observais et j'écrivais. Les journées, pour l'instant, s'écoulaient paisiblement sans ennui. Je n'étais pas particulièrement porté sur les bondieuseries, le sacré et tout le tralala. J'étais même carrément athée. Mais, malgré tout, je me laissais envahir par l'esprit du lieu quand je voyais tous ces pélerins en méditation soit debout, soit en position du lotus au bord du Gange et je me laissais même prêter au fleuve un pouvoir bienfaiteur à tel point que je ne regrettais pas ma baignade du matin, bien au contraire.

En attendant, j'avais le dos appuyé contre un rocher, assis sur du sable fin face à l'ouest et je regardai le soleil se coucher. Quelques instants plus tard, un homme s'approcha de moi mais pas trop respectant ainsi mon intimité. Il tenait à la main une flûte (que je pris au premier abord pour un bâton !) et se mit à en jouer assis sur un rocher. Le soleil, derrière lui, embrasait le ciel de sa lumière orangée et douce. C'était magique !

Il était sûr que j'aurais du mal à quitter cet endroit mais j'avais plein de choses à découvrir encore. En fait, je n'aimais pas trop revenir dans des lieux connus. Le monde était si vaste qu'il fallait plusieurs vies pour le parcourir en partie. Mais ici, je ne savais trop, il était possible que je revienne un jour.

Et pour le dernier soir à Rishikesh, je décidai de frapper un grand coup. A mon resto préféré, je commandai un spécial thali et je ne le regrettais pas. Je vis arriver un plateau de resto-U plein à ras bord de petits pois au fromage, une salade de tomates-concombres, une autre de céleri-rave, du dal (lentilles en sauce), 4 chappati, du riz pulao (avec légumes et safran), des patates en sauce extra, du yaourt aux légumes et une banane. Le tout pour 6F ! Miam ! J'étais plein comme une outre et j'espérais ne pas avoir à le regretter en passant ma nuit dans les toilettes mais je fis confiance à ce resto qui, jusqu'alors, ne m'avait pas déçu.

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