Retour à Delhi

Nous quittâmes Amritsar à 5H15 du matin pour arriver à Delhi à 12H. Le train, rapide et très confortable avec de nombreux services à la place, nous permit d'avaler les 500 kms séparant les 2 villes sans trop de fatigue. Mais l'heure de la séparation avec Bridget était venue et ce fut avec un pincement au coeur que je me séparai d'elle sur le quai de la gare de Delhi comme à chaque fois que je me séparai de quelqu'un inconnu auparavant et avec qui le courant était passé au cours d'un petit bout de route effectué ensemble. Mais ainsi allait la vie... Je continuais à penser que c'était ces rencontres, fugaces certes, mais intenses, qui donnaient au voyage, un de ses principaux attraits (si ce n'était le principal). Encore fallait-il pouvoir franchir la barrière linguistique !
En tout cas, je venais de terminer une première grande boucle, tout près du Népal, du Ladakh, du Cachemire et du Pakistan. Ce fut un beau périple et je revenais satisfait. J'aurais même pu assister à Amritsar, plus précisément à la frontière indo-pakistanaise, à un spectacle incongru et très populaire puisque près de 5000 personnes s'y pressaient tous les soirs dans des gradins. En fait, les 2 armées qui se dévisageaient en chiens de faïence de part et d'autre de la frontière, rivalisaient chaque soir, au moment de la levée des couleurs, à grand renfort de parades et de musique militaire. A chacun d'épater l'autre et de bluffer l'adversaire. Le public appréciait et applaudissait à tout rompre allant même jusqu'à haranguer leurs troupes afin qu'ils aillent illico presto, en découdre avec l'ennemi héréditaire. A ce petit jeu, on m'avait dit, qu'à l'applaudimètre, les indiens menaient largement. Mais, Bridget et moi, nous avions décliné l'invitation...
Pour l'heure, je restai enfermé au frais dans ma chambre du quartier de Paharjang, n'ayant aucune intention de me promener dans Delhi, mégalopole grouillante, surpeuplée, polluée que je n'aimais pas. Les premiers jours de mon arrivée en Inde, je m'étais promené dans Old Delhi et cela avait été un calvaire. Je n'avais jamais vu ça. C'était un capharnaüm d'embouteillages inextricables où piétons, vélos, cyclo-pousses, scooters, motos, rickshaws, autos-rickshaws, voitures, camions et bus s'entassaient dans un bruit assourdissant et un air irrespirable.

Certes, la Jama Masjid, la plus grande mosquée érigée en Inde était imposante avec son minaret culminant à 40 mètres et valait bien le coup d'oeil. Certes, le Fort Rouge avec ses jardins était reposant mais tout cela ne justifiait pas que je m'attarde dans cette ville et encore moins que j'y musarde. Aussi, j'étais très bien dans ma chambre où je passai l'après-midi à laver et ranger mes affaires. Je préparai aussi mon périple qui m'attendait dès le lendemain et qui allait m'amener au... Rajasthan.