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Journal d'un voyageur du monde
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27 novembre 2002

Varanasi

J'étais arrivé à 4H30 du matin à Varanasi après une très mauvaise nuit passée dans un train bondé. Heureusement, j'avais fait le voyage avec Renaud qui, lui aussi exténué, n'était pas à prendre avec des pincettes. Nous arrivâmes à la guesthouse où évidemment tout le monde dormait. Nous fîmes suffisamment de bruit pour réveiller le gardien qui, par chance, nous trouva 2 chambres libres. Je me recouchai mais sans réussir à me rendormir. Du coup, je traînai toute la matinée à la guesthouse (qui, coup de bol, était agréable avec sa cour ombragée) et une bonne partie de l'après-midi. J'eus bien besoin de cette petite remise sur rails car la balade que je fis en fin d'après-midi sur les ghats ne me laissa pas une impression très favorable et je mis cela sur le compte de ma forme physique pas totalement encore récupérée.

varanasi1

En premier lieu, le ciel était voilé du lever au coucher du soleil par un voile épais et opaque rendant l'atmosphère oppressante. Je ne sus si ce voile était dû à la chaleur, à la pollution ou à la fumée des crémations. J'optai pour les trois hypothèses. Il n'y avait donc pas de lumière douce et belle comme on en trouvait en Inde et de plus, la nuit tombait tôt (17H30) et je n'aimais pas cette impression de crépuscule dès 16H d'autant que je n'aimais pas sortir la nuit dans les rues des villes indiennes. Par ailleurs, l'ambiance générale de la ville était plombante. C'était une vieille ville d'une saleté repoussante, puante. Les ghats, au bord du Gange pollué, étaient parsemés de bouses de vaches sacrées omniprésentes d'où se dégageait une odeur fétide d'urine animale et humaine. A ce tableau peu idyllique, il fallait rajouter l'odeur des fumées de crémation qui avaient lieu régulièrement. J'avais donc descendu les ghats en amont du fleuve depuis ma guesthouse et il me restait à les parcourir sur l'aval. Et après cela, je me demandais bien ce que j'allais pouvoir bien faire dans cette ville qui me perturbait d'entrée de jeu. Comme j'avais pris déjà mon billet de train pour Delhi (départ prévu le 1 décembre), je me sentais un peu coincé. Heureusement que la guesthouse était conviviale car j'avais ainsi un lieu où me poser. Au pire, je pouvais meubler ces quatre jours en bouquinant, pourquoi pas après tout ? Il était 17H40 et il faisait déjà nuit noire en comparaison avec Jaisalmer, à l'ouest, où il faisait nuit à 18H30. Mais dans ce pays si large où passaient plusieurs fuseaux horaires, l'heure officielle ne changeait pas. Je retrouvais parfois Renaud qui avait l'air heureux comme un poisson dans le Gange mais il me confia néanmoins que lui aussi, au bout de deux ou trois jours au même endroit, il commençait à s'ennuyer ferme. J'étais comme lui. En attendant et du haut de mon balcon surplombant le fleuve sacré, je surveillai une nuée de moustiques qui voltigeaient autour d'un lampadaire tout proche en repensant à l'arrivée en gare de Varanasi, le matin même. Elle avait été épique tant une véritable marée humaine s'était déversée dans la gare dans un capharnaüm indescriptible qui se poursuivit d'ailleurs bien au delà de la gare malgré l'heure matinale. Varanasi était une ville où l'on ne dormait pas et si les ghats conservaient une certaine tranquillité malgré son atmosphère pesante, la ville, elle, était un enfer et je me sentis encore plus prisonnier au bord de ce fleuve.
La fin de soirée se passa agréablement en compagnie d'une française installée en Guadeloupe qui voyageait pendant trois mois et qui venait d'arriver en Inde après avoir passé un mois au Népal. Elle était sympa, douce et s'exprimait avec lenteur. Elle semblait très timide et, indéniablement, elle dégageait quelquechose. Nous fûmes rejoints par une autre française, celle-là, par contre, complètement azimutée et j'allai me coucher vers 22H, plutôt réconforté par cette fin de journée.

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