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Journal d'un voyageur du monde
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28 novembre 2002

"End Time City"

Je "petit-déjeunai" avec Renaud, toujours aussi guilleret et de bonne humeur. Il était vraiment de bonne compagnie et c'était toujours agréable de discuter avec lui. Puis, comme prévu, j'allai me promener sur les ghats en aval du fleuve. L'impression de pesanteur était grandement altérée à cette heure de la journée où brillait un grand soleil et je ne m'en plaignais pas.

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Varanasi s'étendait sur la rive occidentale du Gange. Sur des kilomètres, cette rive était constituée d'immenses escaliers (les ghats) qui plongeaient littéralement dans le fleuve.

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Toute une vie palpitait ici : les gens lavaient leurs linges, d'autres faisaient leurs ablutions, d'autres encore priaient, certains pratiquaient le yoga et pour les moins chanceux d'entre eux, se faisaient incinérer.

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Il y avait toutes sortes de petits métiers qui officiaient là, des masseurs, des barbiers, des ramasseurs de bouses de vache, des bateliers et des "incinérateurs", le tout au beau milieu de troupeaux de buffles et de vaches placides. Je traversai le ghat principal réservé aux crémations. C'était un endroit lugubre où s'entassaient sur une hauteur de plus de 10 mètres, des stères et des stères de bois destinés aux feux à venir. Ici, 200 à 300 corps étaient ainsi brûlés chaque jour. Au moment de mon passage, 2 corps enveloppés dans un linceul brûlaient sur le bûcher. Plus loin, un préposé touillait avec un bâton les derniers restes afin que ceux-ci se consument entièrement permettant ainsi de récupérer les cendres. C'était l'enfer au grand jour et je ne m'attardai pas dans cet endroit sinistre. Le soleil qui brillait haut ne parvenait pas à repousser la laideur de cette très vieille ville sale, repoussante et rongée par le temps. Pour atteindre cette dernière, il suffisait de grimper les marches. Dès lors, c'était un labyrinthe de petites ruelles d'un mètre de large, sales et dégoûtantes d'où s'élevait une odeur infecte. Les immeubles étaient vieux, noirs, suitants de crasse et de misère et l'ensemble, apocalyptique, donnait l'impression d'une fin du monde.  Son surnom "End Time City" n'était pas usurpée et on pouvait l'adopter, au choix, au sens propre ou au sens figuré. Et je comprenais mieux maintenant pourquoi certains voyageurs affirmaient qu'il valait mieux découvrir cette ville à la fin d'un voyage en Inde qu'à son début !
Je déjeunai à ma guesthouse n'ayant aucune envie de mastiquer ailleurs. Nous restâmes un bon moment à discuter avec Stéphanie puis nous décidâmes d'accompagner Renaud qui devait aller chercher un bracelet qu'il avait commandé chez un bijoutier. Nous longeâmes à nouveau le fleuve sur les ghats jusqu'à arriver à une espèce de no'mans land à faire peur. Cette balade me permit ainsi d'occuper mon esprit qui, je ne sus pourquoi, dès l'approche de la tombée de la nuit, était envahi par une espèce de malaise indescriptible, une angoisse sourde que j'avais un peu de mal à réprimer sauf en devisant avec Stéphanie et Renaud. Je pris 2 spassfon pour éviter toute nausée qui me semblait proche et la bouffe, maintenant, avait tendance à m'écoeurer. Pour autant, il fallait bien se nourrir car sans nourriture, ma forme physique déjà peu brillante après 2 mois de voyage en Inde, aurait du mal à s'en remettre. Cette ville me plombait physiquement et psychologiquement mais je n'avais pas le choix, il fallait tenir...

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