"It might be a bad day"

"It might be a bad day", voilà ce que nous avait dit la veille, le gardien du refuge à Mintaro Hut. Pour ma part, je le soupçonnai de ne pas trop en dire pour ne pas trop nous effrayer. Aussi, je décidai, une nouvelle fois, de partir très tôt et bien m'en prit.

Il plut toute la matinée mais pas trop malgré tout mais quand j'arrivai au prochain refuge (Dumpling Hut) à 11H, le ciel s'ouvrit en grand déversant et vomissant des trombes d'eau qu'il semblait avoir accumulé depuis des décennies. Un déluge qui dura sans discontinuer de 11H du matin à 22H00. Incroyable, je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'avais eu de la chance, beaucoup de chance en partant tôt. Evidemment, je ne vis strictement rien au McKinnon Pass englué dans une purée de poix et balayé par un vent quasi sibérien. Le gardien du Dumpling Hut avait eu la bonne idée de lancer une bonne flambée ce qui me permit de sécher mes fringues tranquillement et avec toute la place que je souhaitais compte tenu que je fus seul au refuge une grande partie de l'après-midi. Certains randonneurs arrivèrent à 19H30 voire 20H00 dans un état déplorable. D'autres eurent moins de chance et durent être évacués en hélico (entorse du genou) après une nuit passée dans la montagne dans un abri de fortune en compagnie de notre gardien transformé pour l'occasion en secouriste. Une journée en enfer comme dirait Bruce de laquelle je me sortis bien. En soirée, les évènements eurent le don de rapprocher les âmes et les coeurs et je nouai quelques contacts avec une mère américaine et sa fille, une jeune israélienne, Michael et Kelly, un couple de médecins néo-zélandais et plusieurs autres jeunes couples anglophones.